vendredi 15 juillet 2011

Sofi's day - Rafflesia forever !

Levé 7h... Fred veut prolonger d'une heure... Thomas est debout. Nous devons être à 8h sur la future zone d'implantation de la Rafflaisia. Ibu Sofi, la chercheuse, devrait nous y rejoindre dans la matinée. Départ 8h de l'appart (tiens nous prenons le rythme indonésien), le temps d'imprimer la fiche de relevé écosystémiques et le "super plan" que nous avons récupéré de la zone, nous arrivons sur place à l'aide d'un Angkot (1re fois que nous en prenons seul) à 9h30 (décidément, nous prenons le rythme indonésien) !
Et c'est partis, nous passons voir l'amorphophallus titan... En 2jours elle est fanée..
48h... pour 2 à 10ans de préparation dans son bulbe de 50kg...

Puis nous arrivons sur notre zone vers 10h... Et là, un grand moment nous attend. 1h plus tard, nous ne savons toujours pas comment on prend cette foutue carte car les arbres dessus ne correspondent pas, la ligne de niveau semble vouloir dire quelques choses. Les chemins et les voies d'eau sont indiqués de la même manière.
11h09: bingo! le premier arbre correct ! Puis le second puis le tr... ah non... et puis c'est tout. La map doit avoir plusieurs années, rien ne correspond. Nous sommes harassé par la chaleur, Thomas a transformé sont tshirt rouge en un dégradé de rouge vers le ... blanc... mmm...
Et là, c'est repartis pour 1h de marche, le parc fait 150 ha et Ibu Sofi ne nous a toujours pas contacté et nous n'avons pas son portable. Nous nous dirigeons donc vers la bibliothèque du centre de recherche car c'est là que nous l'avions retrouvé la dernière fois. Là, la bibliothécaire nous renvoi à 500m, aux bureaux du parc... Et là, on nous envoi vers la serre aux orchidées... C'est la fac dans l'auberge espagnole sauf que c'est en Indo-english mélangé à notre franglish... Vous voyez le truc ? Non, vous pouvez pas...
Mort de faim, mort de fatigue et surtout de chaleur ( ah oui, il faut préciser que nous avions 20kg de livres et d'ordis sur le dos aussi), nous quittons le parc direction chez Dc Tino.
Là, elle nous propose de participer à un mariage indonésien samedi... Dégouté on a déjà accepté l'invitation de Peta pour découvrir Djakarta... C'est pas si grave.
Nous quittons notre chef, direction notre Q.G. avec le numéro d'Ibu Sofi. Nous lui envoyons un texto pour lui dire avec beaucoup de diplomatie que nous l'avons un peu cherché ce matin.
Bingo, elle a été rattrapé par des soucis perso, elle n'a pas pu nous prévenir, elle est désolé, elle nous propose une rencontre à 17h à son bureau.
Sympa non? A Antibes au lieu de la mer, on peut avoir une serre d'orchidées?

Comme vous le voyez, mur sculpté donnant sur son terrain de jeu: les orchidées. C'est une spécialiste. Elle travaille actuellement sur une espèce dont le comportement parasite ressemble beaucoup à notre désormais intime Rafflesie. 2 heures d'entrevu qui nous donne de nouvelles données pour notre projet. Il ne s'agit plus d'une seule Rafflésie à implanter mais 3 dont la Rafflesia arnoldii, plus grande fleur au monde en diamètre (1,5m s'il vous plait). Le challenge monte encore d'un cran. Nouveau saut: elle confirme qu'il s'agit d'une première mondiale, surtout en y associant une dimension éco-touristique.
Nous proposons nos premières idées:
- créer différentes zones où les sols seront de compositions différentes avec différents types d'arrosages
- une structuration de l'espace en fonction d'un réseau de canaux dans lequel l’hôte (la liane) pourrait s'installer
- le recouvrement de parties du chemin par des pergolas
- création d'un cheminement surélevé pour minimiser l'impact de la fréquentation
et puis le clou de nos idées: 2 systèmes innovants:
1- un portique pour faire grimper la liane comme le schéma ci-dessous (vous excuserez la faiblesse du travail 3D, Tom n'a pas terminé son travail sur sketch-up). Ibu Sofi a adoré.
Schéma des mats d'implantation de la liane
2- des modules amovibles pour transformer le cheminement lors d'une future floraison de la désormais légendaire Rafflésie. Ces modules permettraient de l'approcher sans pour autant la mettre en danger.
Rappelons que son comportement est extrêmement sophistiqué. La fleur mâle et la fleur femelle sont distinctes, qu'elles s'ouvrent a priori de manière différente: la femelle s'ouvre de manière armonieuse, le mâle un pétale par un pétale... drôle non? Révélateur? ...
Revenons à nos moutons ou plutôt à nos cheminements temporaires.
L'idée est simple: préparer un peu partout sur la zone des plots d'implantation d'un cheminement surélevé. Tube dans lequel il suffirait de rentrer en temps voulu des pieux bambous spécialement apprêté pour recevoir des poutres de 3m qui recevraient elle même des modules carrés de plancher.
Ainsi durant la période d'incubation et développement du parasite, seul le cheminement principal reste puis dés lors que l'heureux évènement s’apprête à se réaliser: mise en place des cheminements temporaires d'observation.
Nous ne sommes qu'au début de la réflexion. Mais une première proposition devrait aboutir en fin de semaine prochaine.
Pour l'heure, nous allons nous coucher. Demain c'est le weekend et le maitre mot sera: détente à Jakarta !

Enjoy,

Tom & Fred

jeudi 14 juillet 2011

Trois jours dans la Rafflesie

Et voila! Un sujet passionnant nécessite des données scientifiques précises. Ce qui est dur quand on étudie une espèce peu, voir pas connue, c'est de trouver des sources fiables, qui vont plus loin que les banalités du type: "la Rafflesie est une espèce rare, originaire du sud-est de l’Asie... C'est la plus grande fleur au monde... C'est un parasite d'une espèce particulière de vigne, etc"... Donc, pendant trois jours, nous sommes partis à la pêche... aux informations!!! Et à force d'écumer le web, de croiser nos données, de changer de mots clefs, de demander aux scientifiques qui ont travaillé sur la Rafflesie, de traduire des articles du bahasa indonesia en anglais, nous y sommes parvenus!
Au "bureau" de la société avec les étudiants malaisiens

Oui! Parvenus à dire que la Rafflesie... est un parasite, d'une espèce de vigne, qui pousse dans l’Asie de l'est et qui est très rare. "It’s a joke !"Les informations importantes sont extrêmement rares et en effet, il nous a fallu traduire de l'indonésien pour enfin avoir des sources précises. Nous n’avons pas la prétention de pouvoir transmettre ces informations pour l'instant, nous manquons de recul. Nous sommes tout de même en mesure d'avancer quelques hypothèses quant:
- au sol à mettre en place (drainant et rocailleux)
- aux espèces de Tetrastigma à essayer (leucostaphylum, Glabratum et Papillosum )
- à la composition chimique que le sol, et a fortiori l’eau, doivent présenter
- aux taux d’hydro et d’hygrométrie nécessaire pour la bonne croissance de la Rafflesie et de son hôte, la Tetrastigma (c'est une liane au fait).

Un petit creux? dans le jardin du "bureau-villa" il y a l'arbre de Durian, qui fait des petits fruits...

Les pièces de l'échiquier se mettent doucement en place et cela prend du temps. Notre projet est une première mondiale, la préparation d’une zone de croissance et de préservation de la Rafflesie, et nous souhaitons faire une étude précise et complète pour que les scientifiques qui travailleront sur cette zone puissent avoir le meilleur espace d’étude possible. Nous prenons ce sujet vraiment au sérieux et Dr Tino semble apprécier la précision et notre volonté de bien faire. Peta est plus impatiente de commencer le design, planning et étude de prix. Nous espérons qu’il ne se créera pas de tensions à cause de cela.

A gauche Dr Tinoek, à Droite Puspeta (Alias Peta)

Autrement nous nous intégrons de plus en plus au sein de l’Indonésie. Nous avons troqué le restaurant d’en face de la résidence pour les "warung", petits restaurants "construits" plus ou moins légalement aux bords de la route. C’est bon, et pas cher (toujours pas de maladie, on touche du bois... ou du piment, c'est selon). Nous apprécions également les beignets faits par les vendeurs ambulants, pour moins d’un euros on peut se faire des ventrées monstrueuses. Nos premiers mots de bahasa indonesia ne nous permettent pas encore de parler ou de comprendre les gens, mais nous pouvons, grâce à notre super dictionnaire, communiquer avec certaines personnes : "linge propre ? 22h30...! On peut attendre demain ! Merci."

Notre anglais se libère de plus en plus et nous n’hésitons plus à solliciter Ibu Sofi, la spécialiste de la Rafflesia, pour lui faire part de nos découvertes et de nos besoins en terme d’informations, même si notre grammaire n’est pas fabuleuse et qu’il nous faut parfois nous y reprendre à deux fois pour transmettre une idée. Fred se sent de plus en plus à l’aise et les bafouillages du début se transforment en vrai discutions (grâce au dictionnaire encore) et Tom arrive maintenant à faire des joutes verbales lui permettant d’obtenir les informations nécessaires.

Les infos se révèlent passionnantes, l'extase à l’état pur

Un détail nous laisse encore perplexe, il s’agit de la gestion du temps par les indonésiens. Pour nous, lorsqu’un rendez vous est pris à 8h, nous nous présentons à 8h moins 5 min afin d’être ponctuel. Sauf que souvent, le rendez vous ne débute pas avant 9-10h… pour eux, ce n’est pas grave, on peut toujours repousser. Une philosophie qui colle vraiment avec la mentalité locale : tolérance, patience et calme. Très calmes, sauf au volant !!!

Nous tenterons peut être de louer une voiture pour sortir un peu de Bogor, mais il nous faut un peu d’entrainement avant.

C'est peut être pour ça qu'ils sont en retards, ils tondent la pelouse au couteau!!!! Si, c'est vrai!!!

Allez, nous retournons à nos recherches, protocoles et méthodes de mise en place de notre zone expérimentale, demain c’est vendredi et si nous pouvons nous dégager le weekend pour se balader, nous le ferons.

See you soon

Fred & Tom

lundi 11 juillet 2011

Rafflesia Patma, start to develop

Ce début de semaine s'annonce intense encore une fois! Rendez vous avec Peta en début de matinée pour rejoindre le Dr Tinoek et l'ancienne directrice du Parc Botanique de Bogor, Ibu Irawati, chez elle, dans le parc même. Apres quelques banalités sur notre séjour et une tasse de thé agrémentée de papaye fraiche, nous partons vers une zone du parc. Ces dames nous invitent à en faire le tour "and be careful where you put your feet". Soit, nous faisons le tour de la zone laissée en friche et selon nos dernières pensées, nous cherchons l'amorphophallus titanum, ou en tout cas une trace. En vain. Revenant vers elles, on nous explique que nous pouvons travailler sur cette zone à l'implantation de la Rafflesia Patma, la fleur géante (en fait une variété plus petite que sa cousine gigantesque Rafflesia Arnoldii)!
Rafflesia Patma, source: www.kompas.com

L'importance de cette proposition a tout juste le temps de nous ébranler que nous rencontrons Ibu Sofi, La spécialiste de la Rafflésie au jardin botanique. Nous posons le plus de questions qui nous viennent à l’esprit pour comprendre comment mettre en place un aménagement paysager qui permettrait de faire se développer la Rafflésie, de permettre au public de la voir, tout en la protégeant. Au fil de la conversation, nous prenons la mesure du travail qui nous est demandé; nous allons créer un espace ouvert au public et d'études scientifiques unique pour le développement d'une espèce vulnérable (classement UICN en 2001)...

Afin de d'avoir plus d'éléments sur la plante, ces dames nous font visiter plusieurs lieux dont un consacré à la culture de Tetrastigma, lianes hôte de la fleur parasite.
Feuille composé (ici trifoliée) de la Tetrastigma

La plante hôte nécessite beaucoup d'eau et en effet, à l'endroit d'observation les racines des lianes poussent directement dans le canal qui serpente au milieu. Quelques photos, plusieurs explications quand au poids des lianes et leur développement sur des supports particuliers et nous partons pour la "nursery" du parc, l'ex-directrice nous devançant.


A notre entrée, on nous conduit vers deux tonneaux, un en plexiglas contenant une noix de coco double! La plus grosse graine au monde.
Noix de coco double (Lodoicea maldivica). Si si! C'est vrai!!!

Elle a été mise en culture et les gérants de la nursery prennent régulièrement des mesure sur son développement, le deuxième en métal contenant le même type de coco ne permet pas un suivis aussi précis.
Nous nous dirigeons un peu plus loin vers une partie fermée par cadenas au sein même de la pépinière déjà protégée.
Des pas japonais sont disposés au sol et on nous invite à entrer au milieu des "racines" tombantes d’espèces d'arbres dont nous ne connaissons pas le nom. Au milieu, des pancartes sur lesquelles nous pouvons lire "Rafflesia Patma"!!! Nous sommes sous les lianes sur lesquelles les fleurs ont poussées l’année passée. On nous montre certains endroits où des excroissances laissent penser qu'il y en aura peut être d'autres un jour. Puis, juste en face, on nous présente trois masses. C'est sur, il s'agit de Rafflésias!
Oui oui, ce sont des futures Rafflésias! Parasites qui débutes par des excroissances.

Après cette visite, Dr Tinoek nous invite tous à manger dans un restaurant que nous reconnaissons, c'est le premier dans lequel nous avons mangé avec Ersto, le soir de notre arrivée. A table, Ibu Sofi appelle la bibliothèque du parc botanique, elle nous réserve l'unique exemplaire de l'ouvrage sur la Rafflésie. Nous devrons être à la hauteur de ce projet et cela commencera dès ce soir par l'étude approfondie de ce livre car demain, nous commençons à travailler avec Peta sur le matériel nécessaire pour notre étude, ainsi qu'à la planification de notre travail.

Nous quittons tout le monde encore abasourdis et nous décidons de faire un crochet par l'amorphophalus. Surprise! Elle est entrain de s’ouvrir!
Et pour finir, l'amorphoPHALUS, on fait pas exprès!

Après les recherches que nous avons faites dimanches, nous savons qu'il y auras deux phases de floraison, le premier qui débute sous nos yeux est la phase femelle de cette espèce monoïque. La plante dégage une forte odeur cadavérique caractéristique. Cette phase devrait durer une bonne partie de la nuit et demain la phase mâle sera visible. Nous passerons la voire avant de commencer le travail... ou après...

Comme prévu, nous sommes plongés dans l'étude de la Rafflésie, ce parasite est impressionnant car il semble capable de réguler son activité en fonction de la santé de son hôte. Nous prenons un maximum d'information pour demain, ce projet est tout simplement incroyable.
Minuit... Le rythme ITIAPE est relancé!

See you soon

dimanche 10 juillet 2011

La photo du jour - Le penis de titan

Amorphophallus titanum - le plus grande fleur du monde à 15min à pied de chez nous...
Et surtout un projet d'aménagement en perspective pour protéger les 3 spécimens du Kubun Raya.