dimanche 7 août 2011

Un rêve inquiétant...

A 8h, Yusuf et Eddy sont là prêt à nous faire découvrir leur parc. Yusuf travaille au Parc depuis plus de 10ans. Il nous raconte qu’il était déprimé quand il venait au parc (2 semaines par an), pas de télphone, pas de « speed boat », pas de route quasiment rien et il devait gérer les relations entre les populations des îles et le parc. Son rôle charnière est très encourageant en témoigne Eddy. Eddy est le pilote d’un des 2 speeds boat des gardes, il est de Karimunjawa, 2 enfants scolarisés sur l’île et toute la famille ici.
Yusuf sera donc notre guide principal aujourd’hui, il apprend l’anglais. Il le comprend assez bien, connait le vocabulaire de base et essai d’être en même temps le prof d’Eddy. Son objectif : être pris dans une université du Texas pour faire son master en développement local et ainsi faire reconnaitre son expérience et son expertise avec les populations locales.
Aujourd’hui donc, nous reprenons la moto mais cette fois-ci Fred ne conduit pas, nous sommes à l’arrière de leur gros scooter. Et en avant Guingan, destination n°1 le terrain de camping. Nous longeons la côte, les couleurs sont féériques...
Cà ne vient pas de google image mais du Fujifilm de Fred...
 les déchets sont omniprésents.
Merci Java !
Java et Bali ont fait de la mer leur déchetterie, la côte est de l’île en fait les frais. Nous passons une zone de polyculture, blé, un peu de riz, des vaches, des poules et nous atteignons une ferme. Les motos sont laissées là sous la surveillance du fermier édentés qui refait des latrines. Nous grimpons donc dans la forêt, l’ambiance est celle d’une forêt classique puis d’un coup, tout devient plus dense… L’humidité a grimpé, nous sommes entrée dans un forêt pluviale, zone protégée du parc. Ils nous font découvrir leur camping ground… une erreur… à une heure à pied des hôtels et à 3 heures du sommet sans aucun équipement jonché de pierre et de racine. Mais nous n’en disons rien pour l’instant. 50m plus loin… un gros bloc de béton : une source pompée : la seule source de l’ïle pour l’eau courante de la ville principale. Nous suivons le tuyau amont qui en sort et nous trouvons un ruisseau canalisé… Voilà pourquoi cette forêt n’est pas attaquée, elle est leur source d’eau. Le contrôle de l’île nous apparait là !
Eddy et Thomas dubitatif devant le système de pompage

Les idées et les spéculations vont bon train entre nous. Nous essayons d’avoir un peu plus d’info sur la gestion de l’eau sur l’île… impossible, la barrière de la langue est trop grande entre nous, un sourire et nous revoilà partis. Direction : Trecking mangrove : un chemin de randonnée dans une mangrove. Super idée ! Nous en avions entendu parler par Peta, en effet, il a été créé sur pilotis et est un premier test du système pour les parcs. Nous passons le pont entre Karimunjawa et Kemujan (15m au milieu de la mangrove) et nous arrivons sur place et découvrons le grand problème du paysage en Indonésie, l’entreprise attributaire du marché peut tout à fait prendre des libertés avec les recommandations techniques. Résultat : un chemin sur pilotis mal fait avec des bois parfois différents pour le même usage et surtout des vis de très mauvaises qualités. L’installation a moins d’un an, et çà bouge déjà. En effet, une mangrove est une zone humide c'est-à-dire une bonne partie de l’année les pieds dans l’eau et de surcroit ici en eau salée ! Le bois choisis vient de Bornéo et est classe V et VI (imputrescible naturel et résistant à l’eau et aux sels) mais les vis n’ont pas été traitées inoxydables. Des millions de roupies partis en fumée. Deux créations nouvelles par le parc national : deux échecs, nous commençons la journée avec un constat malheureux.
La mangrove!
Nous revoilà parti sur les motos. Route et puis chemin bosselé, no problem. Nous voyons le bleu vert de la mer se rapprocher dangereusement… Au milieu de nulle part, une plage paradisiaque sur laquelle s’est installée une fabrique artisanale de bateau. Fred en essaie un. Quelques images d’illustrations… et puis Eddy nous propose de gouter à une jeune noie de coco. Ok ! Il court chercher une machette, monte sur le cocotier et tchac, boom voilà 3 coco à terre. Et hop, il redescend…
Eddy et les cocotiers
Dégustation de jeune noie de coco sur plage paradisiaque avec population locale : çà c’est fait ! Oui, désormais nous cochons les rêves réalisés ces jours-ci.
Mais où est Willson...

Après un bon bain, nous repartons direction la plage aux dauphins… Dommage, le staff de l’ONG qui gère le site n’est pas là, nous ne pouvons cocher un nouveau rêve celui de nager avec les dauphins. Pas grâve, Yusuf nous promet la chambre locale si on revient !
Yusuf et son blackberry
4e lieu : la tombe du premier homme arrivé sur l’île. Ce lieu est saint pour les musulmans de l’île. A notre arrivée deux hommes prient. Sur le chemin, nous avons pu voir un nombre incalculable de maison en construction dont deux qui ressemble fortement à un complexe hôtelier. A Semarang avant notre départ, le planificateur du parc nous avait dit que leur nouveau problème est la croissance fulgurante du tourisme sur l’île et la guerre des prix au sein de la population locale. Après la rencontre du promoteur immobilier indonésien hier et celle du propriétaire de l’aéroport de l’île tout deux ayant les pupilles en forme de dollars, notre inquiétude monte par rapport à ce bout de paradis.
5e lieu : Nous empruntons une toute nouvelle voie carrossable encore en construction avec un fond de forme et une épaisseur de béton susceptible de faire passer de gros engins… L’inquiétude prend forme.
Une toute nouvelle voie.

Taman National staff !!!
Petit rando entre rochers, coraux secs et sables fins, nous voilà sur une autre plage magnifique. Nous y prenons notre déjeuner, il est 15h. Oui, car des vendeurs se sont installés et ils sont une dizaine pourtant nous sommes seuls… L’enigme ne met pas longtemps à se résoudre. En 10min pas moins de 4 bateaux accostent bourrés de touristes.
L’inquiétude est maintenant réelle, nous allons essayer d’en savoir un peu plus.
Après une sieste et un coucher de soleil aux couleurs sans nom, nous retournons à l’Amore café.
...
Nous y voilà à nouveau seuls. 1h après le café est plein et le chef de la section, Irwan, arrive avec Yusuf et Eddy. C’est le début d’une discussion endiablée en anglais mêlé d’indonésien. Avec Fred nous avions bien réfléchi et nous avons entonné un couplet anti promoteur aux allures azuréennes. Les idées Roquebrunoises ne sont pas très loin… normal quand on a déjà vu le diable, on s’en méfie. En tout cas, nous partageons des idées sur comment ils peuvent devenir des personnes centrales dans la gestion de l’île et comment le lien avec la population locale doit être maintenu. Nous leur parlons des problèmes d’eau et de déchets qui risquent d’augmenter avec le tourisme… etc…
Notre inquiétude est encore là au coucher car Irwan nous annonce la venue d’investisseur venu de tout le pacifique pour discuter de l’avenir des îles. Rappelons que vous et moi  nous pouvons acheté ici un lopin de terre pour une boucher de pain. Demain, Irwan rencontre les autorités de Jarapa, compétente pour l’attribution des permis, il est décidé à en parler avec eux. De notre côté, nous allons tirer la sonnette d’alarme à Jakarta via Docteur Tinoek et nous en ferrons un sujet centrale de notre réunion avec le chef de la coopération franco-indonésienne, vendredi prochain. Les objectifs d’écotourisme sont encore loin ici : la priorité endigué les mécréants et autres raclures de notre monde, quitte à fouiller ciel et terre, mais ce coin de paradis ne doit pas devenir St tropez ou Bali.

Tomtom et Fredouille, le poisson... (A suivre dans le monde de Némo)

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