vendredi 5 août 2011

Colère et impuissance


Drôle de titre pour 2 étudiants en vadrouille dans un pays tropical aux plages de rêves et aux projets superbes…
Oui, l’Indonésie est un pays splendide (même si nous n’en avons vu que Borobudur et Yoghyakarta).
Oui, l’Indonésie est un grand pays aux potentiels exceptionnels
Oui, nous découvrons une nouvelle culture et l’architecture du paysage
Mais nous découvrons aussi tous les travers d’un pays en voie de développement et la difficulté de travailler dans une autre langue et avec une femme très prise
Plus nous avançons dans ce voyage et plus nous réalisons à quel point la république d’Indonésie n’est pas un état structuré et cohérent et encore dévoré par la corruption. La décentralisation a été poussé à un tel paroxysme que l’état central et les provinces collaborent plus du tout sur de nombreux sujets comme les parcs nationaux ou les universités.
Nous réalisons que le niveau d’étude est bas et que ce ne sont pas les universités locales qui relèveront le niveau d’excellence. Seuls 5 universités dans le pays ont des professeurs ayant des doctorats, les autres ont au maximum des masters mais le plus souvent des Licences ou Deug. Les docteurs et les meilleurs masters ont été passés à l’étranger.
Il en est de même pour la recherche. L’agence LIPI (CNRS indonésien) est à l’image de l’état sans ligne directrice ni véritable capitaine. Chaque chercheur doit trouver l’intégralité de ses fonds pour ses recherches. Les autorisations ou bourses quelconques prennent un temps énorme car il faut passer des dizaines d’autorités différentes qui ont leurs propres règles, leurs propres lenteurs et leurs corruptions. Aujourd’hui la recherche indonésienne a quelques bonnes individualités mais malheureusement est loin de produire de la recherche de niveau international. Les premiers « producteurs de connaissances » sur ce merveilleux pays sont les japonais. Ils investissent en voisin des millions de dollars. Ils forment et essaient de créer des partenariats enrichissants avec des agences du LIPI.

Non, l’Indonésie n’est pas un pays sur la voie d’un développement raisonné et ne suit pas le modèle chinois. Avec près de 5 villes de plus d’un millions d’habitant au compteur, nous avons vu ce que signifie l’urbanisation en Indonésie : anarchique et totalement incomplète.
Les quartiers germent à toute vitesse sans plan. Aucune infrastructure n’est prévue. L’assainissement se fait par canaux et directement dans les rivières. L’organisation pour les déchets est totalement aléatoire. Les transports publiques sont soient peu réfléchi soit absent. L’immobilisme du pouvoir politique est visible partout.
Nous découvrons également le rapport à l’argent des indonésiens. Avec une monnaie où l’on compte à partir de 1000 et l’impression permanente d’être pauvre, les indonésiens attendent qu’arrivent l’argent ou veulent un retour sur investissement rapide et souvent sans lendemain.
Enfin le tourisme serait une solution intéressante pour ouvrir le pays et apporter un certain dynamisme. Bali en est la capitale mais est-ce que çà sera pour longtemps? Les richesses restent trop entre les mains des étrangers qui ont investi. Les populations locales se sentent dépossédés et les incidents augmentent. Cette information nous est venue de l’ambassade et du Dc Tinoek. Il y avait hier matin à Jakarta une réunion rassemblant beaucoup d’acteurs du secteur et les autorités locales et nationales pour essayer de trouver des solutions. Nous allons voir de nos propres yeux tout çà à partir du 12 ou 13 août. Mais la réponse que l’on a envie de donner maintenant est l’écotourisme.
Depuis 3 semaines maintenant, nous cogitons à un projet franco-indonésien d’écotourisme pour la recherche internationale et les étudiants des deux pays. Cette idée bouge beaucoup et pourrait prendre forme en impliquant les populations locales via des projets de développement avec eux mais la désorganisation et le manque de transparence sont plus en train de nous démotiver qu’autre chose. Mais nous jouons le jeu de cette idée à fond. Demain, départ pour Kalimunjawa (Ujung kulon et Sumatra ont été annulé), 4heures de bateau rapide et nous serrons sur le parc marin de la mer de Java. 27 îles formées par les coraux où vivent une faune et une flore impressionnante et pas moins de 8700personnes. Les problématiques sont multiples et l’humain est encore un facteur essentiel. Ce parc sera-t-il potentiellement le futur lieu du projet ? En tout cas, ce voyage va donner une bonne vision de ce qui est possible ou pas car nous serrons accompagner de Ranger et d’un des chefs du parc. Notre projet n’est actuellement qu’un rêve mais il nous permet de voir l’indonésie autrement avec l’œil de l’investisseur ou simplement de l’occidental qui voit tout ce qui est possible, tout ce qui est riche dans cet immense et si complexe pays. Nous aimons y voir un projet pour notre futur post itiape ou simplement pour calmer notre sentiment d’impuissance face à ce pays aux potentialités énormes.

Tom et Fred from Semarang (Central Jawa)

1 commentaire:

  1. Bonjour,
    Je viens de découvrir votre blog, j'ai lu avec intérêt vos articles à propos de Karimunjawa, où nous sommes allés en juin 2010, je suis tombée amoureuse des lieux. Mariée avec un indonésien, nous vivons en France depuis 8 ans mais cette année nous prévoyons de nous installer à Jepara et d'aller étudier de plus près la possibilité de créer une activité à à Karimunjawa. Votre approche est intéressante.
    Etes-vous toujours en Indonésie?
    Avez-vous depuis aout avancé votre projet?
    A bientôt j'espère :)
    Ibu Budi

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